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Libération

Une campagne présidentielle gaulo-gauloise

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publié le 8 mars 2012 à 0h00

Les deux tiers des Français sont mécontents du ton et du contenu de la campagne présidentielle. Ils ont bien raison. Evidemment, si l’on compare la campagne française à la campagne russe, elle ressemble à l’épiphanie de la liberté. Si on la compare à la campagne des élections primaires américaines, elle incarne le comble de l’élégance et le triomphe de la distinction. Si en revanche on la contemple en elle-même, alors on ne peut effectivement que ressentir frustration et déception.

A moins de sept semaines du premier tour, la campagne présidentielle tourne à l’aigre mais surtout tourne à vide. Que le ton monte, que les noms d’oiseaux volent de plus en plus bas, c’est en fait la norme et la tradition. A chaque élection présidentielle, plus on approche du scrutin et plus le débat tourne au pancrace.

En 1981 par exemple, la tension était bien plus électrique qu’aujourd’hui. En 1988, la bataille Mitterrand-Chirac était autrement plus violente que celle-ci. La hargne et la rogne sont les attributs liturgiques des fins de campagne présidentielle.

La véritable, la malencontreuse originalité de cette campagne-ci tient donc à tout autre chose : les deux principaux candidats se trompent délibérément de sujets et leurs concurrents n’y peuvent rien. François Hollande et Nicolas Sarkozy mettent volontairement l’accent sur les symboles sociétaux censés être mobilisateurs au lieu d’engager de façon frontale le débat sur la priorité des priorités : comment, face à la crise, ranimer la croissan