Partagez-vous cette conviction chiraquienne qu'une présidentielle se gagne dans les quinze derniers jours ?
Non. Elle peut se perdre dans les quinze derniers jours. C’est très différent. Depuis des années, on répète que je suis parti trop vite, que je vais exploser. La vérité, c’est que ma stratégie est simple : j’ai commencé à fond et je n’ai cessé d’accélérer.
Vous vous droitisez pour rassembler votre camp au premier tour ?
Vous vous trompez sur la situation de la France. Un électeur de gauche a autant besoin qu’on lui parle de la nation qu’un électeur de droite. Dire que les ouvriers se droitisent est une absurdité. Quelle est la caractéristique de cette campagne ? C’est que les gens ne se mobilisent pas sur des mesures mais sur des valeurs, sur le sens. Mais si je veux être tout à fait honnête, Ségolène est plus à droite que Jospin, je suis plus à droite que Chirac, Bayrou est plus à droite que Lecanuet. Finalement, celui qui est moins à droite qu’avant, c’est Le Pen !
Le «ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale» a choqué à gauche, mais aussi à droite…
Cela n'a rien d'une provocation. Il faut parler de l'immigration et de l'intégration en même temps. Lévi-Strauss, le plus grand anthropologue français, a dit que «l'identité n'est pas une pathologie». Si vous ne mettez pas la question de l'identité dans la question de l'immigration, alors qu'est-ce que vous dites aux immigrés qui veulent devenir français sur ce qu'est la France ?
Cette revendication d’un ministère figure dans le seul programme du Front national.
Ce n’est pas parce que Le Pen touche quelque chose que cela devient interdit. Les gens se demandent ce que c’est qu’être français ? Ceux qui arrivent viennent avec leur id