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Libération

«Où que tu ailles, c’est "Go ! Go !" Tout ce qu’on veut c’est partir !»

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Correspondante pour «Libération», Haydée Saberan publie un livre sur les migrants, qui errent dans la région de Calais en attendant de rejoindre l’Angleterre. Extraits.
publié le 12 mars 2012 à 0h00

[Dans une première version de cet article, nous avions écrit par erreur qu'en 2009, une femme avait accouché sous une tente de la «jungle» en plein hiver. En réalité, cette migrante kurde, qui vivait bien dans la «jungle» de Grande-Synthe avait accouché à la maternité. Mais la nouveau-née, prématurée, elle, n'avait pas survécu.]

Calais ou le territoire symbole pour les migrants de passage en France et candidats à l'exil vers l'Angleterre. Calais ou un concentré de dix ans de politique de droite depuis la fermeture, en 2002, du centre d'hébergement de Sangatte par Nicolas Sarkozy. Calais et ses milliers d'histoires individuelles, celles des migrants mais aussi de cet incroyable élan de solidarité qui a pris corps autour de ces vies en suspens. La journaliste Haydée Saberan, correspondante à Lille pour Libération, a sillonné le Calaisis pendant plus dix ans. Elle a rassemblé dans un livre (1) des dizaines de bribes de vies qui, accumulées, démontrent mieux que bien des discours la dureté de ces errances. Ce long reportage nous plonge dans «la jungle» de Calais, le bois où se sont dispersés des milliers de migrants après la fermeture de Sangatte, acte aussi symbolique qu'inefficace. Cette «jungle», elle-même ciblée en 2009, sous l'ère Besson au ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, par une opération de police de grande ampleur, visant à chasser les 1 200 personnes alors dans l'attente de franchir l'ultime frontière vers l'Angleterre. Depuis ce