Pendant toute la campagne, «Libération» s'invite dans le quartier parisien de la Goutte-d'Or. Portraits.
C'est le même avertissement que sur les paquets de cigarettes, des lettres capitales en noir et blanc: «L'abstention nuit gravement à la santé.»
Roxane Decorte l'a inscrit sur ses prospectus de campagne. A 41 ans, elle est la candidate investie par l'UMP pour les législatives dans la XVIIe circonscription de Paris, qui comprend le quartier de la Goutte-d'Or. Un bastion de gauche.
C'est une fille du XVIIIe. Son local de campagne, rue La Chapelle, jouxte l'immeuble où elle a passé son enfance. «En 2007, pour les législatives, seulement 53% des personnes inscrites dans nos quartiers ont voté, rappelle-t-elle. Mon rôle est de les ramener à la politique.» Elle comprend cette désaffection. «Ma grand-mère, qui m'a élevée, s'est inscrite sur les listes à l'âge de 81 ans... parce que j'étais candidate. Avant, elle pensait que sa voix ne comptait pas. »
Ici, Roxane Decorte fait campagne à sa manière. Dans ces quartiers populaires où les visages que l'on croise témoignent du mélange des origines, dans ces rues où les musulmans qui priaient dehors ont été invités à aller s'agenouiller ailleurs et où les boucheries halal sont légion, elle n'enfourche pas tout à fait les mêmes thématiques de campagne que Nicolas Sarkozy. «Disons qu'il y a un principe de réalité», reconnaît-elle. Tout en jurant qu'on ne fait pas plus «républi