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portrait

En deçà du volcan

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Benoît Schneckenburger. Philosophe et ceinture noire, ce militant et garde du corps de Mélenchon raccompagne chaque soir un voisin candidat.
par Maylis de Kerangal
publié le 15 mars 2012 à 0h00

Il s’est posté à l’angle du boulevard Diderot et de la rue de Lyon, le corps placé, torse orienté vers le carrefour et regard qui balise les lieux en scopes latéraux méthodiques, difficile à surprendre donc, poisson rocher indétectable dans l’affluence d’un samedi après-midi devant la gare parisienne et manière, déjà, de chercher à se rendre maître d’une situation.

L'humain d'abord. Benoît Schneckenburger, voix ferme et regard concentré, déjoue d'emblée l'apparence d'une silhouette discrète pour animer celle d'un hyperactif chronique. A 40 ans, il est dirigeant multiplatines du Parti de gauche - à la fois membre du bureau national, en charge de la formation des militants, responsable national du service d'ordre (SO) et désormais garde du corps de Jean-Luc Mélenchon -, enseigne la philo au lycée Turgot et à l'université de Paris-VIII, vient de publier son troisième livre Populisme : le fantasme des élites.

On profite d’une anfractuosité miraculeuse dans son emploi du temps pour le rencontrer, deux heures interstitielles dont il se déleste volontiers puisque médiatiser le SO du parti est d’abord une décision politique et qu’il en est non seulement le dirigeant mais l’incarnation exemplaire. Manière de rappeler qu’au Parti de gauche, la dichotomie entre le corps et l’esprit n’existe pas, que la supériorité des tâches intellectuelles sur les tâches opérationnelles y est récusée, que la sécurité n’y est donc pas affaire de gros bras décérébrés mais concern