François Hollande a-t-il quelque chose à dire sur l’immigration ? Si tel est le cas, pourquoi ne le dit-il pas ? Pourquoi n’a-t-il rien de plus neuf à proposer que le droit de vote des étrangers, que proposait déjà Mitterrand ? Pourquoi ne dit-il rien sur Schengen ou sur les sans-papiers ? Cette campagne, malgré le tintamarre, est pleine de ces étranges silences sur des sujets qui intéressent tout le monde, sauf les candidats. Leur obsession, il est vrai, est ailleurs, et le député de Corrèze doit plutôt se demander ce qui lui rapportera plus, de parler, de proposer, de s’engager, ou de garder un silence poli.
Or, ne pas en parler sauvegarde sans doute un électorat qui serait effrayé par les positions traditionnelles de la gauche, mais lui permet peut-être aussi de ne pas se dédire plus tard, de respecter la gauche centriste, réaliste qu’il incarne. A partir de là, il y a une astuce tout à fait brillante : le silence vaut opinion, ou plutôt le sujet pris par l’adversaire, accepté comme son fonds de commerce habituel, avec lequel on est familier, vaut, en creux, comme l’expression de votre opinion entendue naturellement comme opposée. Sans doute pour Hollande et tous les autres candidats de cette élection, le chambardement de la crise interdit une direction trop claire, puisque cette direction changera chaque jour, que votre électorat probablement inquiet et désarçonné se divise sur nombre de sujets, sans parler de celui qu’il faut conquérir. Cela donne une campagne faite de m