Les socialistes ont fait leurs calculs. En 2002, s'ils ont subi le «coup de tonnerre» du 21 avril, c'est parce qu'il a manqué deux voix par bureau de vote à Lionel Jospin. Cinq ans plus tard, Ségolène Royal avait levé une petite armée militante - son association Désirs d'avenir - pour dénicher de nouveaux électeurs mais ça s'était fait en marge du parti. Cette fois, après trois présidentielles perdues, les leçons ont été retenues et rien n'a été laissé au hasard. La campagne de mobilisation est une savante joint venture entre l'équipe de campagne de François Hollande et le PS, fort de ses 175 000 militants. La tête et les bras. Ou plutôt les pieds, puisque c'est sur un porte à porte nouvelle formule que les socialistes misent pour conjurer l'abstention et faire gagner leur champion. Comme Barack Obama en 2008, dont les techniques ont d'ailleurs été importées au QG de campagne par trois anciens de Harvard qui ont participé à la campagne du démocrate américain. L'objectif est ambitieux : 5 millions de portes ouvertes avant le premier tour grâce à 150 000 «volontaires du changement». Libération les a suivis : de leur formation, à l'américaine, à la pratique sur le terrain, à la française.
A Evreux Cinq minutes par porte, «deux pour un électeur de droite»
Evreux, local du PS, samedi : «Bon, j'imagine qu'on met pas le pied dans la porte comme si on venait vendre un aspi ?» Jérôme a la trentaine souriante, un imperméable bleu boutonné jusqu'au ment