Agauche, ce privilège est d'ordinaire réservé aux vainqueurs. Jean-Luc Mélenchon l'a fait en pleine campagne : pour son discours sur la VIe République hier à Paris, il a rempli la place de la Bastille. Au Front de gauche, on claironne qu'il y avait 120 000 personnes à la fin de leur «marche» commencée place de la Nation (lire page 4). Peu importe la réalité du nombre, la place est bondée. Les marches autour de la grande colonne sont farcies de militants. Certains, en tenue d'ouvriers, brandissent des fumigènes. Face à la tribune, une banderole proclame «Mélenchon, enfant des Lumières, le peuple est avec toi».
«Génie de la Bastille qui culmine sur cette place, nous voici de retour, le peuple des révolutions et des rébellions en France. Nous sommes le drapeau rouge !» Le ton de Mélenchon est solennel. Grave. Les intonations chevrotantes flirtent avec celles de De Gaulle ou Malraux. La foule semble surprise de ne pas avoir affaire au «Mélenshow». L'ancien socialiste, costume noir, cravate rouge et œillet de la même couleur au veston, renoue avec le style utilisé en juin lors de son premier discours de candidat place Stalingrad à Paris.
«Cerises». De son étroite tribune blanche aux faux airs d'échafaud, Mélenchon appelle à en finir avec la Ve République. «Nous faisons le serment que si c'est nous qui sommes appelés à reconstituer les règles du jeu», une Constituante sera convoquée. Après avoir rend