Dans toute élection présidentielle, il y a une part de rejet et une part de projet. Cette fois, la particularité de la campagne est que, contrairement à 2007, la part du rejet l’emporte sur celle du projet. Les motivations négatives éclipsent les motivations positives dans tous les électorats et chez les candidats eux-mêmes. Le temps du ressentiment succède à celui de l’espérance : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou avaient, chacun à sa manière, fait rêver en 2007. Aujourd’hui, on doute, on s’oppose, on sanctionne.
C’est l’évidence à l’extrême droite et à la droite extrémisée. Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan se définissent d’abord comme des candidats antieuropéens, anti- euro. Ils veulent rompre avec le projet de l’Union, ils sont les messagers du rejet nationaliste. A l’extrême gauche, il s’agit avant tout de sanctionner le capitalisme. Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon s’expriment d’abord en candidats anti- système. Ils savent qu’ils n’ont pas les moyens d’imposer la société néocommuniste pour les uns, présocialiste pour l’autre dont ils rêvent. Ils se font les procureurs méthodiques et même charismatiques, en ce qui concerne Mélenchon, de la société actuelle. A l’extrême droite, on rêve du passé. A l’extrême gauche, faute de pouvoir choisir l’avenir, on voudrait liquider le présent.
Les candidats des partis de gouvernement ne partagent pas les mêmes idéologies mais adoptent les mêmes comportements. François Hollande a son projet, il