Spécialiste reconnu des questions de défense, François Heisbourg vient de publier Espionnage et Renseignement (Odile Jacob), un livre dans lequel il détaille les enjeux auxquels le renseignement doit faire face, dont le terrorisme. Pour lui, le danger que représentait Merah «n'était pas déterminé par sa croyance mais par son errance».
Quel enseignement tirez-vous de l’affaire Merah sur le renseignement français ?
Deux éléments m’ont fait réagir. D’abord la lecture d’un article très détaillé, dans un quotidien, sur les errances du tueur aux confins de l’Afghanistan et du Pakistan, alors qu’on ne savait rien sur lui, un récit qui semblait nourri aux meilleures sources du renseignement. Je me suis dit : voilà un type qui a le profil du jihadiste et on ne s’est pas davantage intéressé à lui… Ensuite, je m’interroge quand j’entends les procureurs de Paris et Toulouse dérouler l’enquête en expliquant qu’ils n’avaient pas l’adresse du suspect. Or il semble que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) l’a interrogé à l’automne et en a conclu qu’il n’était pas dangereux… Comment a-t-il été contacté si on n’avait pas son adresse ?
Ses voyages en Afghanistan et au Pakistan auraient-ils dû alerter ?
Ce profil est très rare. Il n’y a que quelques petites dizaines de Français à avoir fait le voyage en Afghanistan, et pas plus de quelques unités en Midi-Pyrénées. On se demande donc pourquoi on ne s’est pas davantage préoccupé de lui ! On peut à la limite le comprendre avant les meurtres de Toulouse et Montauban - ça me surprend mais ne me choque pas. Mais après ? Cela signifie soit que les services conce