Gilles Bernheim, grand rabbin de France, a été, depuis lundi, une voix ferme, aux côtés de Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, mettant en garde contre les récupérations politiques.
Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris qui était l’auteur des attaques ? Qu’il n’était ni néonazi ni d’extrême droite ?
J'ai tout de suite espéré qu'il n'y aurait pas d'amalgame entre l'identité de cet individu prétendant tuer au nom d'Al-Qaeda et la communauté musulmane de France. Qu'il n'y ait aucune stigmatisation de la communauté musulmane, et nous nous sommes entretenus très tôt avec le président du Conseil français du culte musulman [Mohammed Moussaoui, ndlr] et le recteur de la Grande Mosquée de Paris pour que tout soit fait pour prévenir cela.
Une marche silencieuse de juifs et de musulmans, ensemble, était justement prévue dimanche à Paris. Pourquoi a-t-elle été annulée ?
Nous avons été invités à l’Elysée par le Président et le Premier ministre à deux reprises pour être tenus au courant de l’enquête et, à chaque fois, nous avons tenu des points presse. Nous nous sommes beaucoup exprimés pour marquer la grande proximité entre la communauté juive et la communauté musulmane modérée en France. La marche était une belle idée, mais dès lors que le meurtrier avait été identifié et traqué, il n’a pas semblé nécessaire de renouveler immédiatement une manifestation de fraternité entre nos deux communautés. Ce qui importe, c’est de prolonger cette proximité dans la durée.
Après l’attaque contre les enfants juifs de Toulouse, vous avez parlé de «gangrène» dans la société française… A quoi pensiez-vous ?
Il est important pour moi de redire que la France n’est pas antisémite, mais qu’il y a des actes antisémites en France, beaucoup trop nombreux. Et que pour lutter contre la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme, il faut ne rien tolérer. A commencer