A notre grande surprise, l'avortement est devenu un thème de campagne. Malgré son ambition de dépoussiérer les thèses politiques de l'extrême droite, le Front national renoue avec la tradition réactionnaire et hostile aux femmes dont il est issu: ses dirigeants osent parler d'«IVG de confort», terme méprisant renvoyant à l'idée de femmes irresponsables et désinvoltes.
Déjà, en 1975, les opposants à la légalisation de l’avortement agitaient ce fantasme pour empêcher la reconnaissance de leur droit à disposer de leur corps. Pire: le Front national envisage de dérembourser ces IVG, remettant en cause un droit fondamental. Il y a toutes sortes de raisons pour décider de faire interrompre sa grossesse, et il n’appartient à personne d’autre qu'à la femme concernée de juger de leur légitimité.
Nous, praticiennes de l'IVG et militantes pour les droits des femmes, n’avons jamais vu d’«IVG de confort». En revanche, nous constatons que les conditions dans lesquelles les femmes sont reçues en vue d’un avortement, ainsi que les conditions de travail des professionnels de l’IVG, sont de plus en plus inconfortables. Les centres d’IVG ferment les uns après les autres du fait des réorganisations hospitalières décidées par les agences régionales de santé. Il en résulte pour chaque structure une augmentation de la charge de travail, qui dégrade la qualité de l’accueil des femmes.
Les hôpitaux, quand ils ne refusent pas tout simplement d’embaucher de nouveaux praticiens pour réaliser les