Menu
Libération
Interview

Guaino : «On ne parvient plus à assimiler ceux qui sont là»

Article réservé aux abonnés
La «plume» de Nicolas Sarkozy défend les propositions du candidat-président en matière d’immigration et expose ce que, selon lui, révèle le drame de Toulouse.
Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy donne sa vision de la campagne en matière d'immigration. (Photo Philippe Wojazer. Reuters)
publié le 27 mars 2012 à 0h00

Henri Guaino est conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Auteur de la plupart des discours du président-candidat, il livre sa vision de la campagne.

Avec la tuerie de Toulouse, allez-vous mettre les questions de sécurité et d’immigration au cœur de la campagne ?

Elles y sont. Mais le drame de Toulouse renvoie au sentiment plus général d’être en insécurité, d’être à la merci d’une violence qui se répand partout : dans la société, dans l’économie, dans le travail, dans la rue… Une violence qui peut abîmer ou détruire une vie, et qui fait peur parce que chacun se sent désarmé face à elle.

Les événements de Toulouse vont-ils amplifier ce sentiment de violence ?

Toulouse est un moment d’une grande intensité dramatique. L’imputer à la société, au «climat» est absurde, indécent. Regardons cet acte isolé, monstrueux, pour ce qu’il est : une tragédie qui a une portée universelle. La société n’est pas responsable de ce crime, mais ce crime remue la société, il lui révèle et amplifie son malaise : il souligne sa vulnérabilité. Il donne le sentiment que quelque chose de monstrueux peut surgir n’importe où, n’importe quand, que la violence et le mal sont dissimulés dans l’ombre et que chacun peut en être la victime. Il donne un visage terrible et tragique à un malaise profond mais diffus.

Est-ce qu’il conforte les thèmes de campagne et les «marqueurs» du candidat Sarkozy ?

Oui, ne serait-ce que dans la leçon qu’il en tire quant à son rapport à la politique : la politique est d’abord une confrontation avec la dimension tragique de l’Histoire. Avec ce crime, une fois de plus, cette dimension tragique nous saute à la figure. Après tant de drames depuis quatre ans et après cette monstruosité, aucun autre candidat n’en a aussi pleinement conscience que lui.

Diriez-vous, comme Patrick Buisson, conseiller du président de la République, que la France a besoin de frontière pour faire face à «une déferlante migratoire» ?

Une tel