J.-J.A. : Si la générosité des particuliers et des entreprises n'a pas vocation à se substituer à une action publique défaillante ou a en justifier l'extinction, elle contribue utilement à l'abondement des moyens dont disposent les actions d'intérêt général. Elle permet de leur affecter, de façon volontaire et donc innovante, une partie des ressources imposables des entreprises et des particuliers en y ajoutant une part de libéralité. C'est important pour la culture et pour le patrimoine. C'est la raison pour laquelle je suis toujours attentif aux possibles remises en cause des dispositions fiscales de la loi sur le mécénat, au prétexte qu'elles constitueraient des «niches fiscales». Quelle est votre position sur ce sujet ?
A.F. : Le mécénat est une chance pour les institutions. C'est un complément précieux aux budgets mobilisés par l'Etat et les collectivités locales. Les dations ont ainsi permis à des œuvres majeures d'intégrer les collections nationales. Le mécénat, bien plus qu'une relation d'argent, est souvent un acte d'engagement. Des fidélités se nouent entre le monde de l'entreprise et la culture quand ils définissent des territoires communs. Les entreprises insistent de plus en plus sur la dimension citoyenne de leurs projets de mécénat. Il faut juste veiller à ce que ce mécénat privé ne s'assimile pas à de simples opérations marketing sans lendemain, ni ne vienne évincer l'engagement public : j'ai en tête ces musée