Le corps de Mohamed Merah n'avait pas encore atteint sa rigidité cadavérique qu'à l'Elysée, Nicolas Sarkozy annonçait que «toute personne qui consultera désormais de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme […] sera punie pénalement».
Passons sur l'absolue absurdité policière d'une telle mesure, quand on sait combien les sites en question sont précieux pour les services de renseignement - ils les placent parmi leurs meilleures sources d'information pour connaître «l'état de la menace». Si une telle mesure devait être appliquée, ce serait un bon numéro d'autosabotage.
Passons sur la manie chère au Président qui veut qu'à chaque drame réponde une annonce. Passons encore sur la probable non-constitutionnalité d'une telle proposition, et, enfin, sur le rétropédalage gouvernemental (tout cela remis aux calendes grecques, quelque part après l'élection présidentielle). Et regardons l'annonce pour ce qu'elle est et ce qu'elle dit : Nicolas Sarkozy a fait sienne la théorie du «préterrorisme», défendue par Bernard Squarcini, un proche qu'il a nommé à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Un concept total, et totalement flou, qui, sous prétexte de prévenir les risques, pénalise les intentions. «S'intéresser à» devient un acte de «complicité». Avec Sarkozy, la curiosité devient pénalement répréhensible. Dans sa nouvelle Minority Report, l'écrivain Philip K. Dick avait anticip