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Interview

Eva Joly : «Il y a un refus de ce qui ne vient pas du moule»

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Après Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly a débattu avec la rédaction du programme d’Europe Ecologie-les Verts pour la présidentielle, mais aussi de sa difficile campagne.
Eva Joly, le 28 février 2012 à Bastelicaccia en Corse. (Photo Pascal Pochard-Casabianca. AFP)
publié le 28 mars 2012 à 0h00

Après Jean-Luc Mélenchon, au nom du Front de gauche, Eva Joly, candidate Europe Ecologie-les Verts à l'Elysée, était l'invitée de Libération. Elle revient sur l'actualité politique de ces derniers jours.

Comment réagissez-vous à l’ordonnance du juge Gentil qui soupçonne Patrice de Maistre (lire page 15), l’ex-gestionnaire de fortune des Bettencourt, d’avoir effectué deux remises de fonds à la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy ?

Le juge Gentil fait son travail. Que le cabinet noir autour de Nicolas Sarkozy avec à sa tête M. Patrick Buisson - qui avec sa société de sondages a été dans ce quinquennat donneur d’ordres et producteur d’enquêtes d’opinion - ne soit pas content, je le conçois. Mais le financement de la vie politique est une vraie question. M. Sarkozy et son entourage ne pourront pas éviter que la transparence soit faite sur les affaires Bettencourt, Karachi et Takieddine.

Nicolas Sarkozy doit-il s’expliquer ?

Il est candidat, il veut que les citoyens lui fassent confiance pendant cinq ans, nous sommes en droit de connaître sa version des faits. Il bénéficie d’une immunité totale en tant que président de la République, il n’y a que lui qui peut y renoncer et demander à être entendu par le juge Gentil. Mais vous noterez que le procureur, lorsqu’il a communiqué pour dire pourquoi M. de Maistre était détenu, a caché que c’était pour financement illégal de campagne.

Qu’est-ce que les tueries de Toulouse et Montauban ont changé dans la campagne ?

Ce drame a réintroduit la gravité dans ce qui devenait une compétition indexée sur la médiocrité et la prime aux grandes gueules. Celles ou ceux qui instrumentaliseraient Toulouse en seraient pour leurs frais car les Françaises et les Français sont exaspérés par les postures politiciennes qui jouent avec la vie des gens. Les crimes racistes et antisémites commis p