Eva Joly vit sa campagne comme une injustice. Sa voix si particulière telle qu'entendue la semaine dernière à Libération lors de sa rencontre avec la rédaction ne porte guère dans cette présidentielle. Elle est pourtant, dit-elle, «la seule candidate écologiste» depuis l'abandon de Corinne Lepage faute de signatures, «la seule à porter une vision d'une Europe fédérale», la seule à promouvoir un modèle alternatif à celui de la croissance productiviste en sursis, du fait de la crise climatique et de la finitude des ressources naturelles.
Asphyxiée par les accords Verts-PS, elle a tenu bon face aux rumeurs de retrait. Et ne ménage pas ses efforts. Lundi, elle était à Paris dans le ballon d'Airparif, en plein pic de pollution. Après le drame de Toulouse, elle a appelé à la démission de Claude Guéant. Prôné, à rebrousse-poil du climat sécuritaire, la légalisation du cannabis pour enrayer le trafic d'armes dans les quartiers. Ignoré les conseils de certains de ses camarades qui plaidaient pour plus de sobriété dans cette séquence et un recentrage sur l'écologie. «Eva a un gros défaut qu'ils n'ont pas vu : elle ne doit rien et n'attend rien des Verts, ça facilite tous ces ressorts personnels, pour le meilleur et pour le pire, relève un membre de son conseil politique. Sa carrière est derrière elle. Du coup, personne n'a de prise sur elle.» «Duflot en a marre. Mais elle fait bonne figure», ironise un autre dirigeant.
«Composite».