Ala mi-mars, c'est de la viande halal dont on parlait au zinc des Trois Tilleuls. Et déjà, certains trouvaient «un goût faisandé» à cette campagne. «Du grand n'importe quoi», s'exclamait Yves, 70 ans, ancien cadre chez IBM. Nicolas Sarkozy, son candidat de 2007, à droite toute cinq ans plus tard, ne faisait que «piquer les voix là où elles sont». Alexandre, cadre chez Air France, se disait «dégoûté» de voir le Président «faire appel aux plus bas instincts». Karen et Nicolas, 35 ans, deux enfants et une Twingo, jugeaient «navrantes» la surenchère sur l'inégalité des civilisations selon Claude Guéant ou la promesse de diminuer de moitié l'immigration : «Ils ratissent à l'extrême droite.» La ville nouvelle de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), qui avait élu Sarkozy à 60% en 2007, semblait jurer qu'on ne l'y reprendrait plus.
Puis il y a eu l'affaire. L'armée attaquée, des enfants assassinés, l'islam dans le viseur du ministre de l'Intérieur, un fou de Dieu éliminé. Aux Trois Tilleuls, l'écran plat n'a plus montré que les images fixes de BFMTV. «Les premières heures, tout le monde est resté sidéré par l'émotion», raconte Pascal Pizivin, le patron. L'officine d'Olivier Dupays s'est emplie de mères désemparées. Comment dire la violence aux enfants ? «Ce n'est pas Sarkozy qui a donné le mode d'emploi, dit le pharmacien. Il a même choqué, en faisant monter la pression.»
«Pas de cinéma»