Les sondages le disent: Eva Joly fait la course en solitaire, loin derrière le peloton. Avantage: elle peut parler de choses sérieuses. Inconvénient: personne ne l'écoute. Dommage, car certaines mesures méritent qu'on s'y arrête. Comme la légalisation du cannabis, qui permettrait de «saper l'économie parallèle à la base» et de lutter contre le trafic d'armes, a-t-elle expliqué le 23 mars. Selon la candidate EELV, une légalisation serait «un premier stade qui permettrait de régler beaucoup de problèmes dans nos cités de banlieue».
L'idée n'est pas idiote. Elle consiste à expérimenter un marché officiel, réglementé et surveillé du cannabis, pour casser le marché noir, source de violences. Le concept est porté par des gens crédibles, comme Kofi Annan, ex-secrétaire général de l'ONU, cinq anciens présidents d'Amérique latine, ou Daniel Vaillant (PS). Il se base sur un constat: la prohibition du cannabis est un échec. Malgré l'interdiction, la consommation ne faiblit pas, le trafic non plus, qui rend la vie impossible dans certaines cités, et enlève la vie de jeunes gens via des règlements de compte. Souvenons-nous de la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis dans les années 1920: elle a été abandonnée car elle créait plus de problèmes qu'elle n'en résolvait. La situation est similaire aujourd'hui en France avec le cannabis.
«Droguez-vous...»
Cette question mérite d'être débattue. Mais, comme souvent dans cette campagne, les sujets sérieux sont balayés sous le tapis. «Raisonnem