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Libération
Interview

«Hollande parle peu à cette classe populaire»

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Christophe Guilluy, géographe, évoque une France périurbaine, fidèle aux thèmes sociaux et identitaires :
publié le 30 mars 2012 à 0h00

Géographe, auteur de Fractures françaises, Christophe Guilluy revient sur cette nouvelle géographie sociale française et son influence sur la campagne.

Votre livre démontre qu’une France majoritaire et populaire est devenue périphérique, et donc invisible. Pourquoi ?

Pendant la révolution industrielle, les classes populaires habitaient là où se créait la richesse : au cœur de la ville, ou dans sa proche banlieue. Ce qui a fondamentalement changé depuis trente ans, c’est qu’elles ont été chassées des centres-ville vers la grande périphérie. D’abord, parce que les prix du foncier se sont envolés et, ensuite, parce que beaucoup d’usines ont quitté l’agglomération des grandes villes pour ces zones périurbaines, rurales et industrielles. Attirées par le rêve de la maison individuelle, ces classes sont parties habiter ces espaces. Cette France populaire, socialement fragile, est aussi celle des délocalisations et des fermetures d’usines. C’est sur ces territoires que l’on enregistre la critique la plus forte de la mondialisation, et celle du non au référendum européen. Cette France-là représente près de 60% de la population. Et c’est pour ça qu’elle intéresse autant Sarkozy. Il a gagné en 2007 en partie grâce à elle. Aujourd’hui, il recommence.

Cette France populaire invisible s’est-elle droitisée ?

Je ne pense pas que le qualificatif de droitisation soit pertinent. Pour cette France-là, on est arrivé à la fin de la bipolarisation droite-gauche. Par exemple, en matière d’immigration, tout le monde pense grosso modo la même chose, à gauche comme à droite. Quand on regarde comment se comportent les Français - là où ils vont vivre, là où ils sou