Au cœur des soupçons de financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy se trouvent les comptes suisses des Bettencourt. Douze ont été répertoriés en 2011 : à la banque cantonale vaudoise, UBS, Julius Baer, Hyposwiss… Pour se faire une idée par lui-même, le juge Jean-Michel Gentil s’est rendu à Genève il y a quelques semaines. Et, selon nos informations, il a interrogé deux hommes qui connaissent tous les secrets des Bettencourt : les avocats René Merkt et Edmond Tavernier.
L'histoire de ces comptes est ancienne. Ils sont ouverts dans les années 70, alors que le suisse Nestlé et L'Oréal se rapprochent. «Pendant des années, cela a servi à financer les dessous-de-table», raconte un proche du dossier. Alimentés notamment par les dividendes des actions Nestlé détenues par les Bettencourt, ces comptes permettent d'être discrets vis-à-vis du fisc français. Ils servent à racheter l'île d'Arros, en 1999, via une fondation basée au Liechtenstein, puis à en financer l'entretien. Des opérations dont se sont occupées Merkt et Tavernier et qui leur avaient valu une visite de la justice. En septembre 2010, sur demande de Philippe Courroye, le procureur suisse Jean-Bernard Schmid avait saisi à leur cabinet de nombreux documents. Objectif : déterminer si Liliane Bettencourt ne s'était pas fait déposséder de l'île.
Le rapatriement d’espèces en France aurait été effectué via le compte Noblesse Trading Inc., ouvert à la banque Hyposwiss. Des coursiers travaillant pour une officin