Menu
Libération

Au Château, en attendant la Peur

Article réservé aux abonnés
publié le 2 avril 2012 à 0h00

On imagine l'insoutenable attente au Château, avant les premiers sondages de «l'après-Toulouse». Alors, la France, où en es-tu ? Frémit, frémit pas ? Tremble, tremble pas ? Dès la fin de l'assaut du Raid, les éditorialistes amis, les politologues satellites avaient démarré au quart de tour : parole de grenouilles, il y aurait un avant et un après-Merah. Toulouse marquerait un «tournant de la campagne». Plus rien ne serait comme avant. Balayés de la tête des électeurs, le pouvoir d'achat en baisse, le prix de l'essence en hausse, et le chômage. La France entière était censée retrembler devant le vieil épouvantail du salafisme. Et puis ils tombent, ces premiers sondages. Bien sûr, Sarkozy frémit, Hollande se tasse. Bien sûr, on grignote les décimales qui vont permettre au Figaro une manchette triomphale, une de plus (aux plus anciens, la lecture quotidienne du Figaro ces jours-ci rappelle peut-être celle de la presse de l'Occupation détaillant tous les jours, de «maintien des positions» en «repli en bon ordre» le grand succès allemand de la bataille de Stalingrad). Mais ce n'est pas la lame de fond attendue, le tournant, le virage.

Que révèle la déception de cet espoir ? Pas vraiment un décalage droite-gauche : pendant ces quelques jours, on trembla aussi fort à gauche qu’on espérait à droite. Il met plutôt en lumière le décalage entre la bulle politico-médiatique d’en haut et le peuple d’en bas. La bulle est gonflée de stratégies et de rebondissement