Lorsque les trotskistes de Lutte ouvrière (LO) acclamaient leur candidate à Montreuil, début février, une silhouette, chapeau sur le front, se fondait incognito dans les derniers rangs. Avant, il s'était glissé dans les allées du Bourget pour écouter François Hollande. Il a hésité à se rendre à Villepinte pour la prestation de Nicolas Sarkozy. En gourmand collectionneur des grand-messes des autres : «Je vais aux principaux meetings depuis que j'ai 18 ans. J'ai vu Raymond Barre, Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen.» En aucun cas en service commandé, Arnauld Champremier-Trigano. Et pas gêné pour un sou d'infiltrer «en curieux» la concurrence. Le presque quadra - il fêtera ses 40 ans le soir du premier tour -, prend à rebours, joue du contre-courant et assume le décalage. Ce touche-à-tout des médias et de la com, bricoleur du Web avant l'heure qui jongle avec les projets pourvu qu'ils s'ancrent à gauche, est le directeur de communication de la campagne de Jean-Luc Mélenchon.
L'attelage, à première vue, a de quoi faire sursauter. D'un côté, le candidat du Front de gauche qui ironise sur les bobos attifés en «guenilles de luxe». De l'autre, le dandy, droit sorti d'une pub façon The Kooples. Evacuons la question du look rétro-branché de Champremier, jean, chemise denim, gilet de costume, sac Ellesse en bandoulière. A la terrasse d'un café, en marge d'une manif contre les doses d'austérité injectées aux pays européens, il décortique sa tenue. L'énorme montur