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Libération
EDITORIAL

Comète

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publié le 2 avril 2012 à 0h00

Tous les cinq ans, un astre étrange tente de couper en son exact milieu le ciel électoral de la Ve République. A ce jour, la comète de Bayrou a toujours échoué. En 2007, elle a pu donner à certains l'impression de frôler notre planète bipolaire, évoluant autour de 18,5% du noyau électoral. Mais, cette fois, les astrosondeurs plus ou moins amateurs semblent tous s'accorder sur le fait que le 22 avril 2012, date de sa prochaine apparition, elle croisera sans doute plus au large, proche de son orbite de 2002, soit 6,84%. C'est tout le paradoxe de ce drôle d'astéroïde, pur produit des institutions qu'il entend anéantir : sans élection présidentielle au suffrage universel direct, principal moteur de la bipolarisation gauche-droite, il n'y aurait jamais eu de phénomène Bayrou. Pourtant, en dépit d'apparences tenaces, la Ve République ne se résume heureusement pas encore totalement à la présidentielle. Et si aujourd'hui le passage quinquennal annoncé de François Bayrou ne parvient ni à inquiéter ni à réjouir grand-monde, c'est que nous avons compris que cette météorite politique n'attend en général pas même le second tour d'une élection pour se dépêcher de disparaître dans les tréfonds intergalactiques. Espace depuis lequel, trois ans et demi plus tard, on l'entendit murmurer qu'entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, il avait préféré… le vote blanc. S'il adopte en 2012 la même attitude, certains se risquent à pronostiquer sa disparition pure et simple,