Menu
Libération
QUESTIONS éCONOCLASTES

Et si on laissait monter le prix des carburants?

Article réservé aux abonnés
Chaque lundi, pendant la campagne présidentielle, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique qui fâche politiquement.
publié le 2 avril 2012 à 9h34

En 2012, avec la hausse du prix des carburants, le chauffage, l'éclairage, le transport et la cuisine représenteront 11% du budget des ménages européens, contre 6% en moyenne historique et 9% en 2011. Pas étonnant que le prix des carburants et son impact sur le pouvoir d'achat a fait son entrée dans la campagne électorale. Selon un récent sondage, la moitié des Français déclarent que les propositions des candidats pour faire baisser le prix du carburant pourraient influencer leur vote; 60% sont persuadés que le président de la République peut faire baisser les prix en baissant les taxes. François Hollande propose de geler les prix pendant trois mois et de remettre en place la TIPP flottante, supprimée en 2003. Nicolas Sarkozy souhaite prélever dans les réserves stratégiques pour réduire les prix.

Il est peu probable que ces mesures fonctionnent, parce qu'il y a une raison simple aux prix élevés du pétrole: si les prix étaient plus bas, le monde voudrait consommer plus de pétrole qu'il n'en produit. L'économiste James Hamilton a ainsi calculé qu'étant donné la croissance du PIB mondial depuis 2002, il aurait fallu que la production passe à 100 millions de barils/jour pour maintenir inchangés les prix pétroliers. Or la production plafonne aux alentours de 87 millions de barils/jour. Les prix élevés sont le mécanisme qui vient ajuster la consommation à l'offre. La faible production s'explique par des raisons géopolitiques (Libye, Syrie, Soudan, Yemen, Iran) et techniques (les gi