Une soirée chez l'écrivaine Yasmina Reza, environ un mois avant l'élection présidentielle de 2007. Il y a là une dizaine de personnes, dont Denis Olivennes (alors PDG de la Fnac), les écrivains Pascal Bruckner et Marc Weitzmann. Yasmina Reza vient de rendre son manuscrit de l'Aube le soir ou la nuit, la biographie autorisée de Nicolas Sarkozy. Sarkozy, alors en pleine campagne, arrive en moto, avec deux gardes du corps. «Un Rambo urbain à son meilleur, très détendu, tapant sur les cuisses des hommes, tutoyant tout le monde… Posant des questions et n'écoutant pas les réponses.»
Quand il raconte sa première rencontre avec Nicolas Sarkozy, Pascal Bruckner s’amuse de la fascination ambiguë que le candidat de droite exerçait alors sur les intellectuels de gauche, lui compris. En 2007, la France découvrait les «néocons» (ainsi nommés par analogie avec les néoconservateurs américains), des intellectuels venus de l’extrême gauche et passés à droite. C’était l’époque où ils faisaient leur coming out, l’époque où il était audacieux de déclarer sa flamme à Sarkozy. Cinq ans plus tard, à la veille de l’élection présidentielle de 2012, plus d’audace ni de flamme. Mais où sont passés les néocons ?
«Le Meilleur des mondes»
La préhistoire des néocons français remonte à 2001. C'est l'époque où Michel Taubmann (à l'époque journaliste à Arte, devenu depuis le biographe de Dominique Strauss-Kahn) et sa femme, Florence, pasteure du temple de l'Oratoire du Louvre, à Paris, créent le Cercle de l'Oratoire,