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Libération
CHRONIQUE «aphorisme»

Frédéric Mitterrand est grand

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Chaque vendredi, Edouard Launet analyse un aphorisme politique. Aujourd'hui : en exploration avec le candidat cosmique
publié le 6 avril 2012 à 16h40

Aphorisme, subs. masc. Proposition résumant à l'aide de mots peu nombreux, mais significatifs et faciles à mémoriser, l'essentiel d'une théorie, d'une doctrine, d'une question scientifique

«L'arrivée de la gauche au pouvoir serait une catastrophe.» Cet avertissement de Frédéric Mitterrand (dans le Parisien du 2 avril) n'est pas exactement un aphorisme, mais c'est quand même remarquablement bien vu. Un retour de la gauche serait une catastrophe – «un événement aux conséquences particulièrement graves, voire irréparables», précise le dictionnaire – d'abord et avant tout parce que Mitterrand Frédéric ne serait plus ministre de la Culture.

Or, en peu de mois, cet homme a laissé une trace profonde et véritable. Grâce à lui, le monde des arts et de la culture connaît un nouvel élan, un nouveau souffle. La France de la création respire mieux. Une vision s'est imposée, un cap a été donné. Un leader s'est révélé. Un scooter a été abîmé, aussi: celui avec lequel le ministre a lourdement chuté en janvier 2010. Cet accident fut d'ailleurs l'événement le plus marquant de son séjour sous les ors de la République.

Il est légitime de dire qu'il y aura un avant et un après Frédéric Mitterrand. Avant: un monde où les créateurs se sentaient méprisés, où le marché dictait sa loi, où une nomenklatura trustait les subventions. Après: un retour de l'artiste sur le devant de la scène (en particulier au théâtre), une «culture pour chacun»