Après le 21 avril 2002, le 22 avril 2012 ? L'élimination dès le premier tour de Lionel Jospin, devancé par Jean-Marie Le Pen, est restée gravée dans les mémoires. Mais le 21 avril 2002, et ce n'est pas sans lien, fut aussi une triste date dans l'histoire de la participation à une élection présidentielle. Les sondeurs laissent aujourd'hui entendre que ce record d'abstention (28,4%) sous la Ve République pourrait être battu. Alerte !
Il existe bien sûr des raisons conjoncturelles à cette désaffection annoncée. La campagne est insaisissable, voire ronronnante. Il est donc normal que les électeurs se détournent de son enjeu. Le marasme économique pèserait autant sur l’esprit civique que sur les chiffres de la croissance. Le volontarisme sarkozyste a tricoté jour après jour un quinquennat d’impuissance, ce qui n’a pas aidé à crédibiliser la parole politique. Le rêve français de François Hollande est resté dans ses rails sérieux. Et les vacances qui en plus s’en mêlent. Tout cela est vrai, mais n’explique pas tout. Car la tendance est lourde et la bonne participation enregistrée en 2007 (83,8%) est une exception qui confirme la règle d’une démocratie en crise. Le terreau sur lequel prospère cette gangrène est connu : le faible niveau d’éducation et la fragilité sociale dans des cités qui portent si mal leur nom. En 2007, des campagnes d’appel au civisme avaient été organisées avec un réel succès. Rien de tel cette année. L’Etat n’a pas bougé une oreille pour réveiller la