Menu
Libération
Interview

«Pour mobiliser, il faut faire rêver»

Article réservé aux abonnés
Selon Cécile Braconnier, sociologue, tout indique une forte abstention à venir :
publié le 7 avril 2012 à 0h00

Céline Braconnier, 43 ans, est sociologue à l'Université de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). Elle a publié La Démocratie de l'abstention en 2007, avec Jean-Yves Dormagen (éd. Folio Actuel).

Un tiers d’abstentionnistes pour l’élection présidentielle, est-ce possible ?

Les indicateurs sont au rouge. Il y a eu deux fois moins de primo-inscrits volontaires en 2011 qu’en 2006, 414 000 contre 850 000. Et certaines enquêtes montrent que près des deux tiers des citoyens se désintéressent de cette campagne. Pour la première fois, l’intérêt baisse au fur et à mesure qu’on approche de l’échéance ! Ce n’est pas rassurant pour la mobilisation. Si le chiffre de 32 % annoncé par le sondage de l’Ifop est atteint le 22 avril, ce sera un record. Et cela signifiera que les électeurs, qui votent déjà de façon de plus en plus intermittente, ne sont même plus intéressés par l’élection présidentielle, qui cessera d’être une parenthèse enchantée. Au second tour de 2002, lors des deux tours de 2007, elle avait échappé à la dynamique démobilisatrice. Ce ne sera plus le cas.

Cette campagne serait celle du désenchantement ?

Il existe une abstention politique presque structurelle, liée à l'alternance gauche-droite généralisée depuis 1981. Ceux qui ont une vie difficile doutent de l'intérêt de l'alternance et ne se déplacent plus, se disant : «On a connu la droite et la gauche, rien n'a changé, pourquoi aller voter ?»Tout cela dans un contexte de crise désenchanteur. Et il existe aussi une abstention politique conjoncturelle, due à la déception causée par un quinquennat, un candidat. On s'attend notamment à une abste