Il semble difficile d'être plus europhobe que cet homme. Candidat à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan pourfend nuit et jour les «bureaucrates corrompus de Bruxelles», voudrait faire sortir la France de l'euro, attribue tous les maux possibles à l'Union européenne et ne parle de ses partisans, tous dans le même sac, qu'en disant les «européistes».
Dessine-moi un europhobe, c'est lui mais, pour peu qu'on tende l'oreille, il l'est beaucoup moins qu'il ne le paraît. Invité, lundi, de la Matinale d'Inter, il disait vouloir «quitter l'Union européenne» mais la quitter, ce qui est tout différent, «dans sa forme actuelle». Il veut «changer de politiques européennes» alors même qu'il n'y pas de politiques européennes possibles sans unité de l'Europe. Il regrette «la belle Europe qu'on a détricotée en donnant le pouvoir aux bureaucrates» et résume tout son propos par cette phrase : «Je veux l'Europe mais il faut un électrochoc. Je quitte l'Europe et on la reconstruit à dix, sur des bases saines.»
Il voulait dire par là que la France devait savoir poser ses conditions à l'Union, faire comme de Gaulle pratiquant «la chaise vide» pour imposer ses vues à la majorité de la Communauté de l'époque ; comme Margaret Thatcher menaçant de claquer la porte et répétant : «I want my money back» jusqu'à ce qu'on lui «rende son argent» ; ou