Une cote de popularité extrêmement élevée ; des intentions de vote particulièrement basses. Des propositions jugées crédibles et même prémonitoires ; une campagne qui les condamne à rester lettre morte. Tel est le paradoxe Bayrou, que le feu nourri des questions de la rédaction de Libération a permis une nouvelle fois de mesurer. Celui d'un homme, entouré d'une poignée de fidèles, sans structure capable de rivaliser avec ces mastodontes que sont le PS et l'UMP, qui entend à la fois dépasser la vieille division gauche-droite et mener ce combat lors d'une élection, la présidentielle, dont le mode de scrutin tend naturellement à produire et reproduire le bipartisme. Ne jamais dévier de cette ligne, quitte à paraître en lévitation, hors-sol. Exclure par principe toutes les configurations politiques classiques mais aussi de parler au futur, temps proscrit du bayrouisme dès lors qu'il est question de savoir à quoi pourrait ressembler l'après-présidentielle.
Bayrou renvoie les journalistes qui l’interrogent sur ces sujets à leurs vieux schémas, à leurs opinions politiques personnelles. Mais il y a fort à parier que de nombreux électeurs encore indécis souhaiteraient sincèrement savoir, avant de se prononcer, à quoi ils seraient confrontés si le Mouvement démocrate remportait l’élection. A quoi ressemblerait le gouvernement éventuel du président Bayrou. Quels hommes, quelles femmes incarneraient