Abstentionnistes ? Dépolitisés ? Découragés ? Dans cette campagne électorale on parle beaucoup des «jeunes» mais on les entend peu. On en dresse des portraits à grands traits mais sans vraiment les entendre. Libération s'est rendu plusieurs fois dans un centre social et culturel du XIXe arrondissement de Paris. A la rencontre des 18-20 ans qui voulaient bien parler de «vote» et de «citoyenneté». Dit comme ça, cela ne les branchait pas vraiment.
Leur engagement, ils le situent plutôt ici, dans leur quartier, où ils se battent pour obtenir un terrain de foot, dans l'enceinte de la cité. «Leur citoyenneté, commence par là», explique le coordinateur jeunesse du centre, une figure respectée. Il a bien voulu laisser la porte ouverte. Après une première rencontre, Hakim, 19 ans, et Mehmet, 18 ans, qui vont voter pour la première fois, ont accepté de revenir discuter, un soir de la semaine. Mais préfèrent qu'on ne donne pas leurs vrais prénoms.
L'élection qui arrive les concerne. Ils la prennent au sérieux, même s'ils se sentent loin, très loin du monde politique. Hakim est en BTS bâtiment, un secteur qui lui permet d'entrevoir l'avenir sans trop d'angoisse. Il vient d'une famille nombreuse. Ses deux parents sont marocains. Il retient principalement de cinq ans de sarkozysme le versement d'un dixième mois de bourse. Mehmet est lycéen, en terminale S. Son père est turc, chef de chantier, sa mère marocaine, et femme de ménage. En ce moment, s