C'est sa nouvelle maison depuis moins de deux mois. Une petite chambre individuelle - c'est un luxe d'être seule - dans le pavillon Léonard-de-Vinci du CHU du Mans. Une unité de gériatrie et de soins de longue durée qui abrite quarante hommes et femmes dont une des dernières certitudes est de finir leur vie là. Renée Thévenin aura 103 ans le 30 août. Elle est la plus âgée de l'unité, et la seule à avoir encore toute sa tête. Petit bout de femme à laquelle, dixit une infirmière, «tout le monde s'est très vite attaché».
Un sourire de Renée vous fait fondre sur le champ. Pour l'occasion, une amie est venue la coiffer, «ah oui, j'ai toujours été coquette !» Après sa toilette, elle s'assoit sagement sur son lit, s'équipe de son appareil auditif, pose les mains sur les genoux. La voilà prête à témoigner sur les difficultés de la fin de vie, un sujet qui occupe l'esprit de centaines de milliers de Français, et pourtant si peu vendeur en période de campagne électorale. Pis, c'est un dossier qui coûte cher à l'Etat et aux collectivités locales.
L'argent, voilà ce qui préoccupe Renée quand elle ne feuillette pas Paris Match ou ne regarde une photo de Chiffon, son chat, resté dans son appartement. Pour sa fille unique, Mireille, 77 ans, l'argent est aussi devenu une obsession. Et quand elle insiste une nouvelle fois pour que sa mère ait la télé dans sa chambre - car que faire d'autre quand les voisin(e)s sont figés ou délirent -, Renée s'offusque : «Ça va t