Quelle drôle d'idée : aller visiter, à quatre jours du premier tour, un chantier naval spécialisé dans la fabrication de vedettes de sauvetage en mer, c'est évidemment prendre le risque d'attiser le mauvais esprit des journalistes. D'autant plus quand le moral des troupes prend l'eau depuis plusieurs jours. Hier, à la pointe de l'Europe, à quelques kilomètres de Morlaix (Finistère), sous une pluie glaciale, cela n'a pas loupé. L'inévitable question est arrivée avec ses gros sabots : «C'est le thème du sauvetage en mer, monsieur le Président, y a-t-il des candidats qui ont besoin d'être sauvés ?», lance un journaliste à l'envolée. Bon joueur, Nicolas Sarkozy s'exclame : «Exceptionnel, quel talent très fin ! Et je le dis en toute amitié.» Mais il ne répond pas. Il prend la pose. Il fait dos à la mer, et face aux journalistes. «Vous avez mauvaise mine», dit-il avec le sourire.
Lui n'offre aucune prise. Entre détachement et sérénité. Sans savoir ce qui relève du jeu de rôle. Il prend son temps. Pose de fausses questions aux ouvriers. «Mais ces vis, elles sont solides ? Elles résistent à l'eau salée ?» Au patron du chantier il lâche, bravache : «Encore trois semaines et je reviendrai fêter cela, avec tous mes amis qui y croient tellement…» Avec un regard en direction de la petite troupe de journalistes qui le suit.
Hier, le président-candidat s'est essayé à garder sa bonne humeur. Il avait une petite raison pour cela. Avant même son arri