Menu
Libération
EDITORIAL

Ridicule

Article réservé aux abonnés
publié le 17 avril 2012 à 22h06

Les sondages font-ils l'élection ? La question est aussi vieille que l'outil. Et la réponse à peine plus jeune : à ce jour, aucune recherche n'a démontré le moindre effet de la publication d'une enquête d'intentions de vote. Ni effet bandwagon (celui qui viendrait amplifier le score du favori) ni effet underdog (celui qui volerait au secours de l'outsider). Tatillonne, la loi entend pourtant toujours réglementer strictement la publication des résultats de sondages, interdite du samedi, dès minuit, au dimanche, 20 heures. C'était compter sans Twitter et Facebook, sans parler des SMS. La diffusion interdite de ces premières estimations ne concerne désormais plus seulement les médias mais potentiellement chaque citoyen. Au risque de se voir condamné à une amende de 75 000 euros. On mesure le ridicule de la situation et l'on se plaît à imaginer une Commission des sondages qui cesserait enfin de prendre les sondages au sérieux, leur conférant par là même un vague brevet de scientificité. Comme lorsque le Sénat envisage, par exemple, l'obligation de publier les marges d'erreur, ce qui n'a rigoureusement aucun sens statistique s'agissant de sondages par quotas et non pas aléatoires. Seule la critique permet, en effet, de remettre les sondages à leur place, et d'éviter qu'ils produisent de réels effets, non pas au moment où ils sont le plus juste, à quelques heures du vote, mais lorsqu'ils ne sont que de purs artefacts, de longs mois avant le scrutin, et qu'ils par