Spécialiste de l'extrême droite, Alexandre Dézé est maître de conférences à l'université Montpellier-I. Il vient de publier le Front national à la conquête du pouvoir ? (Armand Colin).
Le FN version Marine Le Pen a-t-il accru son potentiel électoral ?
Difficile de le dire sur la simple base des résultats des élections cantonales de 2011 ou des intentions de vote mesurées par sondages, mais le FN semble au moins avoir retrouvé avec elle son niveau électoral de la fin des années 1990 - ce qui n’est pas la moindre des réussites de sa nouvelle présidente.
A l’inverse de 2007, a-t-elle réussi à prendre des voix à Nicolas Sarkozy qui se targuait d’avoir «siphonné» celles de son père?
Sa campagne a permis de recristalliser cet électorat qu’avait su capter Nicolas Sarkozy en 2007 et de l’empêcher de repartir vers lui. La stratégie du tournant droitier, initiée par le conseiller du chef de l’Etat, Patrick Buisson, n’a pas fonctionné. Nicolas Sarkozy ne décolle pas dans les intentions de vote, le socle électoral de Marine Le Pen reste globalement stable (entre 14 et 17 % dans les sondages), c’est manifestement un échec de la tentative de rééditer la politique de captation de 2007.
La «dédiabolisation» du FN, objectif politique de Marine Le Pen, a-t-elle fonctionné?
Cette stratégie a en partie fonctionné puisqu’elle a donné l’illusion d’avoir produit un nouveau FN. Or en réalité quand on regarde son programme ou la structure même de sa base électorale, le Front national n’a pas beaucoup changé.
L’immigration et l’insécurité sont finalement revenues en force dans la campagne du FN…
Ces deux thèmes lui permettent de se distinguer et d’exister dans la compétition électorale. C’est à leur évocation que les militants vibrent le plus en meeting. Lorsqu’il est concurrencé par le principal candidat de la droite sur ces thèmes, le FN a tout intérêt à r