Jadis, il y eut le Mur d’argent face au Cartel des gauches, puis les 200 Familles contre le Front populaire ou encore le général De Gaule tonnant que la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille (de la Bourse). La mythologie politique nationale se nourrit de ces images d’Epinal, d’ailleurs fort simplificatrices. Aujourd’hui rôde le spectre de la dictature des marchés que l’on agite comme si une conjuration internationale méditait un mauvais coup contre un éventuel mais probable gouvernement socialiste. La réalité n’a pas grand-chose à voir avec ces épouvantails artificiels. La république et les marchés ont déjà un mode d’emploi commun. Si François Hollande l’emporte, comme cela semble se dessiner, son gouvernement n’aura pas plus à craindre des agences de notation, des fonds d’investissement, des institutions internationales ou européennes, des spéculateurs que si Nicolas Sarkozy se sauvait sur le fil. Les marchés ne jugent pas la couleur politique de ceux qui gouvernent mais leurs programmes, leurs décisions, les lois qu’ils font voter, les mesures qu’ils adoptent, bref leurs comportements et leurs ressources.
Dans l’absolu, ils préfèrent évidemment les libéraux aux sociaux-démocrates mais ils coexistent fort bien avec les seconds et n’oublient pas qu’ils ont eu souvent de grosses désillusions avec les premiers. Les marchés ont avant tout leurs propres intérêts, leurs propres règles, leurs propres anticipations (souvent fausses), leurs propres évaluations (souvent