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Libération
EDITORIAL

Riches

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publié le 19 avril 2012 à 22h16

Un troisième tour peut-il se jouer sur les marchés ? Cet inquiétant Léviathan est invoqué par Sarkozy et ses comparses qui semblent appeler spéculateurs et boursicoteurs à jouer contre la dette souveraine française. On peut voir en ces appels un signe de la désespérance de la droite qui, dans cette campagne, joue des peurs des Français. La gauche, dans sa longue histoire, a dû combattre «le mur de l'argent», artefact du Comité des forges, d'entreprises et de journaux qu'on n'appelait pas encore les médias pour l'empêcher de mener à bien ses réformes sociales. François Hollande, qui, dans le feu d'un débat, avait avoué «je n'aime pas les riches», fait-il peur aux marchés et aux Bourses, à ses partenaires européens et à Bruxelles ? Les marchés qui se sont beaucoup trompés savent quand même lire les sondages et notre enquête montre que la finance a largement anticipé une victoire probable de la gauche à la présidentielle et aux législatives. Le triple A, fleuron fané de Sarkozy, a déjà été perdu mais rien, pas même Hollande à l'Elysée, ne paraît décourager les emprunteurs, qui ont encore, hier matin, acheté massivement de la dette française. Il reste que le président-candidat lègue une France endettée et déficitaire. Les marchés, s'ils se montrent nerveux au lendemain du second tour, ne testeront pas Hollande mais la France. Mais, comme le rappelle le candidat de gauche bon connaisseur de l'histoire du socialisme, Jaurès le grand ancêtre avait choisi, contre Jules Gues