«J'ai peine à vous quitter.» Jeudi soir, de lourds nuages menacent le théâtre de verdure de Cenon, près de Bordeaux. Sa voix est fatiguée, tout comme son équipe, qui l'écoute en contrebas, les pieds dans la gadoue. Mais François Hollande fait durer le plaisir. C'est son dernier discours avant le premier tour, le moment où la boucle se boucle. Certes, les socialistes refusent de vendre la peau de l'ours avant le sprint final. Certes, le candidat PS déploie un luxe de précautions, comme vendredi à Vitry-le-François (Marne), quand il a assuré aux journalistes qu'on ne sait qu'on «a fait une bonne campagne que lorsque le résultat est connu». Mais cela va faire une décennie qu'il y pense et trois ans qu'il œuvre pour en arriver là : aux portes de la présidentielle.
«3 %». En juin 2009, le PS, qu'il ne dirige plus depuis le fratricide congrès de Reims de novembre 2008, se prend une tannée aux élections européennes. Lui a mis à profit sa traversée de désert en hiver pour rebondir. A Lorient, plus précisément, d'où il lance le premier d'une longue série de «pactes», parlant de redressement industriel devant une poignée de partisans. C'est la naissance du «groupe des 3%» - son niveau dans les sondages d'alors -, qui croit dès le début aux chances de Hollande malgré l'évidence Dominique Strauss-Kahn à laquelle semble succomber une grande partie du PS. C'est aussi l'invention du «candidat normal», une arme à double détente, a