«Vous croyez qu'on va finir avec du goudron et des plumes ?» confiait, en début de semaine, un intime de Nicolas Sarkozy. En dépit des messages rassurants envoyés par le candidat UMP, le doute qui s'est installé dès le début de la campagne dans le camp présidentiel est plus prégnant que jamais, à quelques heures du scrutin. Le référendum anti-Sarkozy est bien le filigrane de cette élection présidentielle. Raison pour laquelle, dimanche soir, le chef de l'Etat espère bien virer en tête devant François Hollande. Donné systématiquement battu au second tour, il compte ainsi enclencher une dynamique et convaincre le centriste François Bayrou de le rejoindre.
L'humeur du pays n'est pas au désenchantement vis-à-vis de la politique, comme le montre notre reportage effectué à travers la France (lire pages 6 à 9). Mais quatre années de crise ont aggravé encore le sentiment des Français d'une impuissance des dirigeants politiques à régler leurs difficultés. Comment les 44,5 millions d'électeurs appelés aux urnes dimanche, puis le 6 mai, l'exprimeront-ils ? D'aucuns redoutent d'abord une abstention massive. L'Ifop l'a évaluée à 32% voilà deux semaines, ce qui représenterait le double de 2007… Notons que, durant cette campagne, un déluge de sondages (souvent contradictoires) s'est abattu sur les Français : 375 au total, selon la Commission des sondages. C'est un tiers de plus qu'en 2007.
Toujours difficile à mesurer avec précision, le vote d'extrême droite semble bien