Il pleut sur la Goutte-d'Or. Dans une laverie automatique, plongé dans un livre, un homme attend son linge. Cyrille Pernet a 36 ans. Il est kiosquier dans le centre de Paris, à mi-temps. Ce dimanche, il ira voter. Les yeux fermés, il choisira François Hollande.
«Je n'ai pas d'état d'âme», confie-t-il. Cyrille est un traumatisé du 21 avril 2002. Il avait voté pour Christiane Taubira. «Depuis, je vote utile.» Il n'avait pas participé à la primaire socialiste. Il était sûr de donner sa voix au vainqueur. «Lequel ? Cela m'est égal.»
Cyrille ne s'intéresse pas vraiment à la politique. Il n'a pas de télévision, n'a pas suivi les débats, n'est allé à aucun meeting. Il ne connaît pas le programme de François Hollande. Et ne peut citer qu'une proposition du candidat socialiste : la taxation à 75% des revenus à partir d'un million d'euros.
Mais il veut absolument «chasser Sarkozy». «Sarkozy, c'est l'arrogance des riches, le bouclier fiscal. Celui qui demande de faire des économies, mais toujours sur le dos des mêmes.» Il parle encore, l'air dégoûté, de «brutalité», «d'égoïsme des possédants».
Dans le quartier, on voit peu d'affiches de campagne, remarque-t-il. «Les gens sont très démotivés, surtout la jeunesse. Ils s'en foutent. Les tracts, les gens les prennent et ils ricanent dessus. C'est un désastre. Moi, je suis peu la politique, mais je vote.»
Quand il a emménagé ici, il y a neuf ans, «il y avait des seringue