Encore une exception française : le déjeuner d'affaires. Rien à voir avec celui de notre panel de Français revendiquant leur droititude, invités à déjeuner plutôt qu'à dîner, pour éviter la référence, attendue chez les mauvais esprits, au Dîner de cons, film français qui fit un carton en 1998. Dans A bout de souffle, Jean Seberg demande : «C'est quoi dégueulasse ?», mais c'est quoi «con» ? Le sexe féminin, mais aussi une insulte à la noix, commode pour ridiculiser sans effort d'imagination un acte ou une personne qu'on désapprouve. Le «casse-toi, pauvre con» de Sarkozy a révélé la personnalité de son locuteur : injurieux et surtout vulgaire. Impensable «fuck you» venant d'un Obama. La campagne de 2012 a aussi volé bien bas, et des cons, on en vu passer. Libération en titrant sa une du 7 avril «Abstention piège à cons» citait un fameux slogan de Mai 68 en lui donnant un autre sens, plus contemporain. Les gauchistes de 68 par leur vindicte visaient le système électoral, à leurs yeux pipé d'avance. Le Libération de 2012 n'est pas sur cette ligne idéologique. Les pages Evénement s'interrogeaient sur les causes d'un taux d'abstention qu'on annonce important et sur les efforts, à gauche comme à droite, pour aller pêcher les fameux «pêcheurs à la ligne», électeurs qui ne se reconnaissent plus dans le classique clivage gauche-droite. Pour eux, la question à poser n'est plus pour qui voter, mais, comme l'a fait l
Éditorial
Pêcheurs de dimanche
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publié le 20 avril 2012 à 19h07
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