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Médiatiques

A quoi auront servi les «petits candidats»

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publié le 22 avril 2012 à 19h07

Enfin leur supplice prit fin. Ayons une pensée pour eux ! Comme on comprend mieux, maintenant, pourquoi les journalistes vedettes de l’audiovisuel se sont vaillamment battus pour éviter l’humiliation d’avoir à interroger les «petits candidats» du premier tour, les inconnus, les mal rasés, les inutiles, et autres Norvégiennes ménopausées, ou en tout cas, de grâce, monsieur le bourreau, le moins longtemps possible.

Inutiles ? Entre autres avantages, le système «d’égalité de temps de parole» aura permis de faire entrer dans le jeu des figures nouvelles, non formatées, aussi fraîches qu’une fournée de candidats de la télé-réalité. Parfois involontairement, ces figures auront fait tanguer comme jamais les dispositifs médiatiques. Dans l’affrontement, les «petits» auront davantage bousculé les journalistes vedettes, leurs préjugés, leurs dispositifs, que l’inverse.

Prenons Philippe Poutou. Jamais on n'a senti chez lui l'obsession (salutaire) mélenchonienne de déconstruire en direct les évidences cachées dans les questions les plus apparemment innocentes. Mais il lui a suffi d'arriver sur les plateaux, vêtu de combativité candide et de lin blanc, pour déclencher d'étranges réactions. Dès le début, par exemple devant une Audrey Pulvar sur le plateau de Ruquier, il a mis en lumière le désarroi des stars face à cet oiseau rare : un ouvrier qui ne rêve pas depuis la maternelle de faire Président, et n'épouse aucun des codes de sa catégorie, reconnaissant par exemple sans difficulté les i