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reportage

Guyane: en taxi-pirogue vers les bureaux de vote

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Au cœur de la forêt amazonienne, les Amérindiens de Guyane française vivent parfois à trois heures de pirogue de leur bureau de vote. Malgré l’isolement, le coût du carburant et l’absence quasi-complète de campagne, ils étaient pourtant nombreux, hier, à se rendre aux urnes.
Le bureau de vote de Maripa-Soula accueille tous les électeurs Amérindiens qui habitent le Haut-Maroni. Ils sont environ un millier sur ce secteur, répartis sur une demi-douzaine de villages et autres petits « campous ». (Photo Guillaume Aubertin pour Libération)
publié le 22 avril 2012 à 9h42
(mis à jour le 22 avril 2012 à 11h03)

Le taxi-pirogue peut enfin décoller d’Antecume-Pata, petit village amérindien lové au bord du fleuve Maroni. Direction Maripa-Soula. C’est dans ce bourg - qui est aussi la plus grande commune de France en surface – que les quelques centaines d’électeurs Wayanas doivent se rendre pour accomplir leur devoir civique.

«Wayana boy» compte bien prendre part aux élections. Mais le seul reggaeman wayana connu à ce jour hésite encore. Demande des conseils. «Et toi, tu votes pour qui ? Si Poutou passe au second tour, j'irai voter pour lui», rigole-t-il, bien conscient que son candidat a peu de chances de participer à la dernière ligne droite. « Mais lui au moins, argumente-t-il, il parle bien. Comme les gens normaux. Et puis il a le même nom qu'une amie à moi ». Dans le genre plus convaincu, Pierre Alounawalé se présente quant à lui comme un fidèle du président sortant. Mais il attend encore « qu'on (lui) donne de l'essence pour aller voter ». Il faut dire que lors des élections municipales ou cantonales, les Amérindiens ont pris l'habitude de se faire gentiment soudoyer (essence, vivres, alcool…) pour aller glisser quelques bulletins de plus dans les urnes. Ce qui n'est pas le cas pour cette présidentielle. « Ils se foutent de nous », déplore James, qui préfère s'abstenir. Toutefois, même si pour ce jeune gaillard de 23 ans, « tous les candidats sont des couillons », Pierre, lui, pense que « de plus en plus de jeunes Amérindien