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Analyse

Le sortant hausse le Front

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Malade de cinq ans de sarkozysme, la France se jette dans les bras du FN.
Marine Le Pen le 22 avril 2012. (Photo Pascal Rossignol. Reuters)
publié le 22 avril 2012 à 23h56
(mis à jour le 23 avril 2012 à 8h22)

Des années à conquérir le pouvoir, cinq années à l’exercer et, à l’arrivée, une grande lassitude des Français. C’est un pays malade du sarkozysme et de ses effets secondaires qui a convergé hier en masse vers les urnes (80% de participation). Le vote Le Pen à une hauteur jamais atteinte en est le symptôme le plus éclatant. Une tache sur la République et ses valeurs. Ce résultat traduit un vote de crise : crise économique, sans aucun doute, crise morale surtout.

Caduc. Certes, la leader frontiste ne se qualifie pas pour le second tour comme son père en 2002, mais elle va exercer une pression considérable sur l'UMP dans la perspective du 6 mai puis des législatives de juin. «Nous sommes la nouvelle droite», a lancé hier soir Me Gilbert Collard, proche de Marine Le Pen. Avec quelque 20% des suffrages, le Front national peut remercier le chef de l'Etat : celui-ci a rendu tous les électeurs qu'il avait ralliés à lui en 2007 et déçus depuis. Mais pas seulement. Sa campagne à droite toute, cornaquée par son conseiller d'extrême droite Patrick Buisson, a produit l'effet inverse de celui escompté. La stratégie arrêtée par Nicolas Sarkozy était de conserver au niveau le plus élevé possible les électeurs tentés par le FN puis d'opérer ensuite un «recentrage» au second tour. Tout cela est désormais caduc. François Bayrou, au-dessous de 10%, a de nouveau échoué. Mais son diagnostic sur «l'explosion du pays qui menace» doit être entendu.