Les résultats de ce premier tour recèlent une contradiction pour le camp de Nicolas Sarkozy. Oui, le «besoin de frontières» a trouvé un étonnant écho dans la France de 2012. Mais, pour autant, la stratégie de campagne du président sortant s'est révélée un cuisant échec : non seulement le candidat UMP n'arrive pas en tête du premier tour, mais le Front national, dont il disait vouloir siphonner l'électorat, n'a jamais été aussi haut. En clair, la ligne défendue par le conseiller de la droite maurrassienne Patrick Buisson est à la fois pertinente (car acclimatée à une «humeur» française) et perdante (car inadaptée à un président sortant). Paradoxale victoire.
Protectionniste. Tous les défenseurs de la campagne droitière de Nicolas Sarkozy ont raison de clamer que le désir de se sentir protégé par des barrières est aujourd'hui ultra-majoritaire. En additionnant les voix des candidats qui ont fait ouvertement campagne pour le retour de la frontière économique et/ou culturelle (c'est-à-dire Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon), une France protectionniste se dessine très nettement, séduisant près de 58% des électeurs. Un clivage qui dépasse d'ailleurs la frontière traditionnelle gauche-droite. Ce n'est pas à franchement parler une révélation : plusieurs sondages avaient déjà mis en avant cette hostilité française à la mondialisation et au projet libre-échangiste de la construction européenne. Pourquoi la stratégie défi