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Interview

«Marine Le Pen effraie moins que son père, mais elle n’a pas changé le FN»

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Nonna Mayer, politologue spécialiste de l’extrême droite, analyse le bon résultat du Front national, dimanche.
publié le 23 avril 2012 à 21h46

Chercheuse au Centre d’études européennes de Sciences-Po et spécialiste de l’extrême droite, la politologue Nonna Mayer (1) décrypte le score de Marine Le Pen et les évolutions à l’œuvre dans le parti de son père.

Le Front national étend presque partout son implantation, parfois même de manière spectaculaire. Ce premier tour de la présidentielle ouvre-t-il une nouvelle phase dans l’histoire de ce parti ?

Marine Le Pen souhaite faire entrer le Front national dans une nouvelle phase. La dynamique en sa faveur est incontestable. Il suffit de regarder les dernières élections pour en prendre la mesure : 10,7% des voix lors de la présidentielle de 2007 ; 6,3% aux européennes de 2009 ; puis 11,4% aux régionales de 2010, 15,1% aux cantonales de 2011, et 17,9% dimanche. Le FN est donc entré dans une phase de redécollage. Est-ce pour autant un nouveau parti, celui de Marine Le Pen ? Je ne le crois pas. Elle fait certes moins peur que son père, elle est davantage perçue dans les études d’opinion comme «patriote», «attachée aux valeurs traditionnelles» que comme «extrémiste», «nationaliste» ou «xénophobe», comme l’était Jean-Marie Le Pen. Mais elle n’a pas changé le Front national qui, par ailleurs, demeure très divisé. Et le vote FN se développe dans des zones où il était déjà traditionnellement implanté.

La sociologie du vote FN s’est-elle modifiée ?

Pas fondamentalement. Depuis 1984, la même tendance de fond est à l’œuvre : plus le niveau d’instruction est bas, et plus la probabilité de vote pour le Front national est élevée. La coupure, c’est le bac. Plus de 30% chez ceux qui ne l’ont pas, moins de 15% chez ceux qui ont au moins ce diplôme et 7% parmi les diplômés du supérieur. Le FN étend ainsi son influence dans la cat