Dominique Reynié, 51 ans, agrégé et professeur à Sciences-Politiques, est directeur général, depuis 2008, de la Fondation pour l’innovation politique, un think tank proche de l’UMP.
Nicolas Sarkozy peut-il être réélu ?
Cela dépend du volume et de la composition des réserves, qui seront massivement déterminés par le score record de Marine Le Pen. Cela signifie que la réélection de Nicolas Sarkozy est extrêmement difficile. Elle n’est possible que s’il parvient à convaincre 55% des électeurs de Marine Le Pen, et 40% de ceux de François Bayrou. La difficulté est comparable pour François Hollande, qui doit réunir les voix de Jean-Luc Mélenchon et même de François Bayrou.
Mais le candidat socialiste bénéficie d’une dynamique : sortir le sortant, qui n’est pas forcément un compromis idéologique pour les électeurs. Le plus petit dénominateur commun est beaucoup plus délicat à trouver pour Nicolas Sarkozy, qui doit rassembler des gens de bords très opposés, sans bénéficier de la même dynamique. En gros, il va lui falloir reprendre un discours sur l’immigration, sans effrayer, et en même temps réintroduire un discours sur sa capacité à gouverner par temps de tempête, pour rassurer l’électorat modéré. Dans son cas, le dénominateur commun sera compliqué à trouver.
Que dit ce vote sur la société française ?
On retrouve la poussée populiste en cours dans toutes des sociétés européennes, et on constate que l’ensemble du spectre glisse vers le centre et la droite. Jean-Luc Mélenchon fait d’ailleurs deux fois moins de voix que Marine Le Pen, qui est revenue sur ses fondam