Observateur attentif de la gauche, et plus particulièrement du Parti socialiste depuis vingt ans, Frédéric Sawicki est professeur de science politique à l’Université Paris-I, et auteur avec Rémi Lefebvre de
la Société des socialistes
(éditions du Croquant).
Le bon score de François Hollande (28,8%) est-il le résultat d’une mobilisation démarrée très tôt avec la primaire socialiste ?
Ce n’est pas la cause unique mais il est sûr que la primaire a permis à François Hollande d’acquérir une stature de présidentiable qu’il n’avait pas. Elle lui a permis de populariser les principales propositions qui ont constitué le fil directeur de sa campagne. Il n’en a d’ailleurs pas introduit beaucoup de nouvelles depuis, sinon la tranche à 75% d’imposition pour les très hauts revenus.
Hollande a, en outre, su éviter le piège classique des primaires : l’utilisation à ses dépens, par ses adversaires, des arguments qui avaient été utilisés contre lui par ses challengers, et notamment par Martine Aubry - irrésolution, mollesse, absence d’expérience gouvernementale… Le précédent de 2007 avait été tellement traumatisant pour tous les dirigeants socialistes que ces derniers ont su se rassembler derrière François Hollande, qui lui-même a eu l’intelligence de laisser une place à chacun dans son dispositif de campagne. Le paradoxe de la primaire, c’est que ce qui a pu être interprété comme l’échec de l’élargissement à l’ensemble de la gauche aura, in fine, probablement permis un rassemblement large des forces de ce camp autour de deux candidats, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, issus tous les deux de la famille s