Menu
Libération
TRIBUNE

François Hollande porte-t-il une nouvelle «Idée socialiste» ?

Article réservé aux abonnés
par Christophe Prochasson, Historien de la France contemporaine (EHESS)
publié le 24 avril 2012 à 19h06

Les campagnes électorales en général, la présidentielle en particulier, sont les plus mauvais moments pour mettre à jour les doctrines. Lionel Jospin est bien payé pour le savoir. On se souvient qu’à quelques jours du funeste 21 avril 2002, le candidat socialiste eut l’idée saugrenue de préciser que son programme n’était pas «socialiste». La formule figura sur la longue liste des maladresses successives qu’analystes et observateurs reprochèrent au Premier ministre-candidat.

Lionel Jospin n'avait pourtant pas tout à fait tort. Son projet en effet n'était pas «socialiste» au sens où le socialisme avait longtemps été défini. L'«Idée socialiste», comme on l'écrivait encore au début du siècle dernier, eut bien des habits au cours de son histoire. Au début du XIXe siècle, elle cohabitait encore avec l'«Idée libérale», mais se défiait de l'individualisme qu'elle contrait par la mise en avant de l'intérêt général. Proudhon inventa quant à lui un socialisme de petits producteurs auquel Marx et ses disciples opposèrent le socialisme de la classe ouvrière. Vinrent ensuite les beaux atours du socialisme républicain, dont Jaurès est la haute figure, socialisme de compromis qui excite la nostalgie de certains. Le communisme du XXe siècle donna au socialisme les couleurs de la tyrannie en assignant au seul Etat le rôle grandiose de transformer la société. Ce socialisme jacobino-marxiste domina la culture socialiste bien au-delà des frontières des partis soviétisés. En